Église Saint-Vincent de Lasseubetat

photo de l'église Saint-Vincent de Lasseubetat - département des Pyrénées-Atlantiques

 

Quand on arrive à cette église, juchée en haut d'une colline comme un phare qui attire les fidèles, on y trouve un calme qui ne règne pas ailleurs. Le site est magnifique, de beaux champs, de belles et grandes maisons, des forêts, la vie semble tranquille, laborieuse, solidaire mais assez gaie. D'ailleurs, un groupe de chrétiens anime la liturgie et chante très bien. Après la messe le groupe d'amis se réunit pour prendre le café. Lasseubetat, jadis s'écrivait « La Saubetat ». C'était un lieu d'asile ou dès que l'on pénétrait sur son territoire, on était protégé. Ce village reste accueillant, son église est toujours belle, le toit refait, et il y a des chrétiens qui chantent. Après tout, la foi, pour ceux qui osent croire encore, ne rend-t-elle pas heureux ?
photo d'une assemblée dominicale dans l'église de Lasseubetat
photo d'une assemblée dominicale dans l'église de Lasseubetat

Saint Vincent, patron de l'église de Lasseubetat

Saint Vincent est fêté le 22 janvier. C’est le Saint Patron des vignerons (et des navigateurs dans de nombreux pays).
Le jour de sa fête correspond à une période très importante dans la culture de la vigne : l’époque de la taille.


Vie et martyre de saint Vincent

Vincent est né à Huesca (Espagne), à la fin du IIIe siècle. Instruit des sciences sacrées et profanes, il fut nommé diacre (serviteur des pauvres et de la parole de Dieu) par Valère, l’évêque de Saragosse. Celui-ci, vieux, bègue, ne pouvait presque plus parler. Vincent prêchait à sa place, en Espagne et dans le Sud de la Gaule.
Lorsqu’en 304 s’ouvre la persécution des chrétiens au temps de l’Empereur romain Dioclétien, il est conduit à Valence, avec son évêque, devant Dacien, le gouverneur de la province. Ils sont menacés et sommés de sacrifier aux idoles. Vincent vient au secours de l’infirmité de Valère et professe leur foi chrétienne commune… Valère est condamné à l’exil et Vincent, soumis à la torture, ne cède ni aux flatteries ni aux menaces :
« Tu combles aujourd’hui mes vœux, dit-il à Dacien ; laisse libre cours à ta rage, tes fureurs me conduisent à la gloire ».
Vincent, chantant des hymnes et des cantiques, est alors soumis aux pires tourments du supplice :
Étendu sur un chevalet, ses membres sont disloqués, sa chair mise en lambeaux par des ongles de fer, puis Vincent est rôti sur un gril. Son corps est alors jeté en prison sur une litière de tessons de verre. Une lumière céleste enveloppe son corps et il reprend des forces…
Mais, ramené, le lendemain devant Dacien, il expire, à peine plus âgé de 20 ans, en priant pour ses persécuteurs.
Dacien fait placer son corps, cousu dans un sac, sur une barque. Une pierre de meule attachée à son cou, il est jeté à la mer. Miraculeusement, il est ramené au rivage ; un loup défendra la dépouille contre les rapaces (certaines chroniques prétendent au contraire que c’est un corbeau qui défendit son corps contre un loup !) jusqu’à ce que les vagues l’aient enfoui dans le sable. Quelque temps plus tard, Vincent apparaîtra à une veuve qui lui donnera une sépulture chrétienne.

Culte de saint Vincent

Le culte de saint Vincent s’est très vite répandu dans l’Empire romain. Son martyre fut rapporté par le poète Prudence à la fin du IVe siècle. Saint Augustin prononça plusieurs sermons en son honneur et dira de lui : « Enivré du vin qui rend fort et chaste, Vincent triompha des tyrans qui voulaient ruiner le règne de Jésus Christ ».

En 542, Childebert, roi de Paris, et Clotaire, roi de Soissons, assiégeaient Saragosse où se trouvaient les reliques du saint. Touchés par la piété des habitants en procession derrière ses reliques, ils levèrent le siège mais exigèrent qu’on leur remette le bras droit et l’étole du martyr. De retour à Paris, Childebert fit construire, pour les abriter, l’abbaye Sainte-Croix-Saint-Vincent devenue abbaye de Saint-Germain-des Près. D’autres reliques se trouvent dans les cathédrales du Mans, de Besançon, de Mâcon.
Saint Vincent est maintenant vénéré partout où l’on fait du vin. De nombreuses communes portent son nom.
Des chansons et cantiques lui sont dédiés. À Lucq de Béarn, tous les ans, le jour de la Saint-Vincent, on sort de la messe en chantant son zèle, sa fierté et en promettant d’être digne du saint martyr.
Il est cité dans de nombreux dictons : « À la Saint-Vincent, clair et beau, plus de vin que d’eau ! » ; « À la Saint-Vincent, l’hiver quitte ou reprend ».

À Lasseubétat, on invoque ainsi sa contribution météorologique pour le 22 janvier afin que la fête soit celle de toute (ou presque) la famille :

« Nebe, nebe, Sen Vinçentz, ta que nou bienguen lous parents !
Nebe, nebe, de mati, ta que ne’s hiquen en cami !
Sen Vinçentz qu’ a nebat, lous parents soun arribats et oèyt dies, démourats ! »
Saint Vincent et la légende


L’épisode de la barque emportant le corps de saint Vincent permet d’expliquer facilement sa qualité de Saint Patron des navigateurs, mais pour ce qui concerne les vignerons, les interprétations sont nombreuses !
Il existe pourtant une très belle histoire qui permet aux vignerons de l’honorer :
Traversant, au printemps, une région vouée par la généreuse nature à la culture de la vigne, Vincent s’arrêta longuement pour en goûter le charme… Il fut reconnu par les habitants et, inlassablement, il dut les bénir. Pendant ce temps, son âne s’en était allé flâner entre les ceps. Trouvant à son goût les tendres pousses, broutant ici, broutant plus loin, il en fit son repas… Lorsque les vignerons constatèrent les dégâts, il ne restait plus que le quart des grappes prometteuses ! Quand le temps de la vendange fut venu, ce furent de grosses grappes, juteuses et sucrées à souhait que l’on récolta ! Ainsi, grâce à l’âne de Vincent, on venait de découvrir tout l’intérêt de la taille de la vigne… et Vincent devint le Saint Patron des vignerons fêté le 22 janvier, jour de sa mort.


Iconographie de saint Vincent


Saint Vincent et son martyre font l’objet de nombreuses représentations :

  • Vitraux à Chartres, Rouen, Bourges.
  • Au Portugal, célèbre tableau polyptyque de Nuno de Gonzalvès (XVe) dans la cathédrale de Lisbonne.
  • Statues à Chartres, Saint Vincent de Carcassonne et, plus près d’ici, à Lucq de Béarn, une statue moderne, en bois de merisier, du Bayonnais Clément Bousquet.

 

 
Saint Vincent dans l’église de Lasseubetat

Saint Vincent est représenté dans le vitrail sud du chœur : On le voit portant la dalmatique, vêtement liturgique blanc des diacres et tenant la palme verte des martyrs. À sa gauche se trouve la pierre ronde de la meule, instrument de son supplice. Ce beau vitrail, don de deux abbés (Sarthou et Aris-Blanche), est partie d’un ensemble très harmonieux qui fait entrer une belle lumière dans l’édifice.
photo du vitrail représentant saint Vincent dans l'église de Lasseubetat
photo du tableau représentant saint Vincent dans l'église de Lasseubetat À côté du retable, est accroché un tableau de grandes dimensions (2 m x 2,15 m). Il représente, lui aussi, un épisode du martyre de Vincent : ici le supplice du grill sur lequel il fut rôti !
Selon Véronique Escoubet, de l’Association des Églises Anciennes du Béarn, il s’agit d’une des nombreuses copies réalisées au XIXe siècle à partir d’un tableau d’Eustache Le Sueur (1617-1655) qui représente, lui, le martyre de Saint Laurent, brûlé sur un gril également. Mais, dans ces copies, tout est inversé, les personnages, le décor etc. comme s’il s’agissait de plagiats effectués en regardant l’original dans un miroir !
On retrouve cependant une scène bien composée, où la violence n’est pas la dominante : les bourreaux romains accomplissent calmement leur besogne. La lumière met en valeur le contenu symbolique : le martyr, les bras en croix, évoque le sacrifice du Christ.
À l’initiative de Monsieur le Maire Lorry, ce tableau a été restauré en 1994-1995, par Monsieur Henri Herrer de Bidos.
 
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